Samedi 19 décembre
Chers vous:
Ce matin, je commençais à en avoir plein les sabots du paddock, malgré la bise glaciale qui balayait la plaine, j'avais envie de rejoindre au pré les autres. C'est vrai quoi! je ne suis pas en sucre!
Et puis la petite auto de la gentille fée qui s'occupait de moi depuis trois mois m'a fait accourir à la grille, mais ce n'était pas tout: un camion suivait derrière, qui n'était pas sans rappeler celui qui m'avait amené ici, trois mois auparavant. Vais-je repartir?
Oh mais! De ce camion descend un humain mâle et une figure connue: elle est venue déjà dimanche dernier, je me souviens! c'est que j'ai une mémoire de mulet, moi!
Aïe! J'avais vu juste, on me passe un licol, on m'attache et on ouvre la grille, mais le camion est juste derrière qui ouvre sa gueule pour m'avaler!
Pas trop tranquille, mais attiré par les granulés et les bouts de pain dur, à la quatrième tentative, j'accepte d'entrer dans le ventre du camion.
Mince! je me suis fait avoir: on m'y attache!
Ma gentille fée me fait plein de caresses et me parle doucement. Elle a de l'eau sur les joues, je la sens triste et ça me rend nerveux: je gratte du bout des pieds le sol. les mains de l'autre humaine me caressent aussi, mais elle semble plus intimidée. Quelle drôle d'ambiance!
Et puis les ports se ferment, et me voici tout seul dans le ventre du camion. Dehors ça parle, je m'agite, je ne suis pas bien là-dedans! Sortez-moi de là!
Et puis ça se met à trembler, à grogner et à bouger. Ca tangue un peu: j'ai du mal à garder mon équilibre, alors je me mets en travers. Là, ça va mieux.
Autant prendre mon mal en patience, on verra bien....
C'est long.............. Ca tangue et ça remue! je me sens un peu malade et je lâche de grosses bouses (ma petite vengeance niark!).
A chaque fois que je sens qu'on s'arrête, je hennis (eh oui!) mais pas de pitié: personne ne vient me libérer.
Enfin! Enfin, le voyage se termine et ô bonheur: j'entends des semblables hennir! je leur réponds. Vite! Sortez moi de là!
Le ventre du camion s'ouvre, et je me dépêche de descendre, tant pis s'il fait froid.
Devant moi, une trèèèèèèès grande jument blanche me souhaite la bienvenue, accompagnée d'une toute jeune pouliche. J'irais volontiers leur faire un brin de causette, mais on me mène, gentiment mais fermement, le long d'un bâtiment où s'ouvre la porte d'une chambre bien spacieuse.
Là, l'humaine qui ne m'a pas quitté depuis que je suis descendu me libère de mon licol, m'apporte de la bonne paille (que je vais même jusqu'à goûter) et quelques carottes. Sympa comme hôtel!
Et puis je reste seul. Je sens et j'entends des chevaux autour de moi, certains dehors, j'arrive à les apercevoir par dessus la porte du box, certains à l'intérieur.
Le temps de me remettre de mes émotions, l'humaine revient dans mon box. Elle est douce, elle me parle sans arrêt, me félicite (mais j'ai rien fait
) promène ses mains partout sur moi. je me méfie un peu, mais je la laisse faire: finalement, c'est loin d'être désagréable! Et puis dans sa poche, elle a des bouts de carottes, alors je veux bien être très sage...
Après toutes ces caresses, je la sens en confiance, l'humaine, alors je la laisse me repasser le licol, et je sors avec elle quand elle m'ouvre la porte du box. De l'autre côté de la barrière toute proche, la maman blanche et sa pouliche me lorgnent. Je m'approche pour un amical coup de museau, mais la petite peste essaie de me mordre! Sale gosse mal élevée!
Avec mon humaine, on fait des allées et venues le long du bâtiment des boxes, à l'abri du vent. De l'autre côté, les deux filles font les folles et ça m'agace. j'ai du mal à me concentrer sur mon humaine et ce qu'elle me dit: "on marche. c'est bien. sssssssssssssssht" (ça je connais, c'est pour s'arrêter)
mais il fait vraiment très froid et elle et moi regagnons le box. Et là...........
je découvre...............
le BROSSAGE!
Alors ça, c'est du grnd bonheur: je vous le recommande! Tout y est passé: les épaules, le dos, la croupe, le ventre, les jambes, la crinière.
Vous pensez si je me suis laissé faire! j'en ai même redemandé, je crois
Pour la récompenser, mon humaine, je lui ai même donné mes pieds. Bon ceux de devant seulement hein, faut pas exagérer, ce 'nest que notre premier jours!
On a fini les bouts de carotte, et puis elle est partie.
"Pour un premier jour, ça lui fait beaucoup d'émotions", qu'elle a dit "mais je reviendrai demain et on essaiera de rester un peu plus longtemps dehors."
Vous savez quoi? Finalement, ce ne fut pas une trop mauvaise journée.
Bien à vous,
Coquin le Mulet
(PS: j'ai quelques photos mais SERVIMG semble en rade
)